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  • Photo du rédacteurNicoline Droogmans

Plus c'est grand, mieux ça casse.

Ce n'est pas parce qu'un chien est plus grand que la moyenne que cela justifie d'utiliser des méthodes éducatives basées sur la contrainte.

A de nombreuses reprises, j'ai eu l'occasion de voir, que ce soit sur les réseaux ou chez des clients, des chiens de taille moyenne à géantes, porter des colliers étrangleurs, des torquatus, des colliers électriques et autres joyeusetés. A chaque fois, c'est la même réponse pour se servir de ces derniers : « je n'arrive pas à contrôler mon chien » et les mêmes conseils de la part d'autrui allant vers toujours plus de contrainte. Non pas que le comportement en lui-même soit incontrôlable mais la taille du chien le rend difficilement maîtrisable s'il présente un comportement le mettant en danger lui-même ou menaçant la sécurité d'autres individus, qu'ils soient humains ou animaux.


C'est quelque chose qui est compréhensible : un chien de dix kilos est plus facilement gérable qu'un chien qui en fait cinquante. Cependant, utiliser cet unique argument pour user de coercition sur un chien n'a aucune valeur réelle. Se dire « quand mon chiot de dix kilos sera devenu un grand chien ou même un chien géant, il faudra que je le contrôle mieux que ça », c'est attendre sciemment des problématiques qui auraient pu ne jamais apparaître à la base.


LORSQUE LE CHIEN N'EST ENCORE QU'UN CHIOT


« Oh, il est trop mignon, on dirait une peluche ! » C'est sans doute la remarque qu'on entend le plus souvent, autant de la part d'autres personnes que de la part de la famille dans laquelle se trouve un chiot. Et parfois, ce chiot-là est un Saint-Bernard, un Terre-Neuve, un Leonberg, etc. En résumé, ce chiot-là fera plus d'une cinquantaine de kilos à l'âge adulte.

Lorsque le chiot de deux mois saute un peu sur les humains, on s'exclame : « oh, c'est vraiment adorable ce qu'il fait, il est tout pataud en plus ». Quand il s'amuse à donner des coups de patte dans le jeu, on se dit : « quand il joue, il est vraiment trop drôle ». Ou quand on le sort en laisse ou en longe et qu'il tire un peu, on sourit en affirmant : « il finira par apprendre de lui-même, là je le laisse profiter de sa balade ». Et c'est malheureusement là que commencent certaines problématiques qui perdureront jusqu'à ce que le chiot devienne adulte.


QUAND LE CHIOT DEVIENT GRAND


Soudain, ce n'est plus aussi adorable que ça que du haut de ses six mois et quarante kilos, il saute sur les gens parce que « ça peut être dangereux ». Ce n'est plus mignon du tout de le voir donner des coups de patte pendant le jeu parce que là aussi, « il peut vraiment faire mal ». Et enfin, en laisse ou même en longe, ça y est, on est arrivé au stade où on ne peut plus le tenir tant il tire.


Cette fois-ci, plus de passe-droit de la part de l'humain : le chiot a atteint un gabarit compliqué à gérer alors on n'accepte plus de lui des comportements devenus ingérables avec le temps et donc avec son poids actuel. Le chiot, lui, ne comprend pas du tout pourquoi les humains vont s'énerver sur lui, la raison pour laquelle il est rapidement relayé au jardin la plupart du temps. Parce qu'au départ, le chiot était mignon, mais l'adulte l'est beaucoup moins aux yeux de son foyer.


LE COLOSSE AUX PATTES D'ARGILE

Lorsqu'on ne le garde pas au jardin, les méthodes éducatives sévissent rapidement. On se retrouve avec un jeune chien en collier étrangleur ou en torquatus, ses humains utilisent la punition verbale ou physique, et il n'est alors plus question d'être bienveillant envers le chien. L'humain ressent parfois de la peur face à ce chien qui hier encore faisait un poids de bébé et qui à présent atteint quasiment le sien, voire davantage. Lorsque les mordillements deviennent des morsures sous le coup de l'excitation, que les sauts sauraient faire tomber une personne ou que le fait de tirer en laisse n'est plus supportable, alors on met un pansement sur une plaie ouverte : on cherche à faire stopper le comportement aussi rapidement que possible, sans apprentissage réel.

Seulement, un apprentissage ne se fait pas de façon rapide, il se construit progressivement. Utiliser une méthode visant à contraindre le chien à obéir à une demande n'en est pas un. En réalité, vouloir éteindre un comportement indésirable au plus vite n'aide pas à comprendre votre chien et peut lui faire faire des associations très négatives, en voici une : « je veux aller vers les copains chiens » = « je me prends une saccade sur un collier étrangleur ». Votre chien aura tôt fait d'associer la présence d'autres chiens à une douleur et cela peut conduire à des comportements d'agression à la suite de cette association malencontreuse.


Ce n'est pas parce qu'un chien est grand qu'il n'éprouve ni crainte ni douleur. Au contraire, on a tendance à oublier que ces colosses ont des pattes d'argile ; des sensibilités réelles qui sont ignorées la majeure partie du temps sous couvert de l'argument « il faut les contrôler ». Alors bien entendu, il faut être en capacité de gérer son chien mais la contrainte ne devrait pas faire partie des options possibles.


Bon nombre de grands chiens et de chiens géants finissent éteints, à ne plus réagir du tout. Ce n'est pas qu'ils sont « bien éduqués » ou même qu'ils sont de « bonnes pâtes » mais qu'on leur a fait voir que toute réaction serait inutile et qu'il valait clairement mieux pour eux qu'ils ne bronchent pas. Ainsi donc, entre l'abandon au jardin et la coercition pure, n'y a-t-il pas un moyen bienveillant de permettre à un chien, malgré un grand gabarit, d'apprendre de nouveaux comportements ?


LA TAILLE NE FAIT PAS L'ÉDUCATION


Dès lors que vous accueillez chez vous un chiot qui fera une taille conséquente à l'âge adulte, demandez-vous quels comportements vous accepteriez de la part d'un chien faisant ce gabarit. Accepteriez-vous les sauts ? Le fait qu'il tire en laisse ? Les coups de patte ? Etc. Si les réponses sont « non » alors n'acceptez pas davantage ces comportements lorsque votre chiot vient d'arriver à la maison. Lui demander de comprendre que là, ces comportements sont ok mais que d'ici deux à trois mois, ils ne le seront plus, c'est incompréhensible.


Anticipez et mettez en place des apprentissages sereins et progressifs, de façon à ce qu'ils soient compréhensibles par votre chiot. Apprenez-lui d'autres comportements acceptables et récompensez les dits comportements. Vous ne voulez pas qu'il saute ? Anticipez et récompensez-le lorsqu'il vient vous voir en gardant les quatre pattes au sol. Vous ne voulez pas qu'il vous mordille ? Redirigez-le sur un jouet et jouez avec lui pour récompenser son choix de ne pas poser ses dents sur vous (et en gardant en tête qu'il faudra travailler l'inhibition à la morsure sur vous au préalable). Vous ne voulez pas qu'il tire en laisse, ni en longe ? Apprenez-lui dès le début que ce comportement n'est pas payant et que ce qui est attendu de lui est une laisse ou une longe qui ne se tend pas.


En résumé : soyez bienveillant envers votre chiot. Même s'il fera plus de cinquante kilos à l'âge adulte, il a la même capacité d'apprentissage que des chiens de taille petite ou moyenne. Il a également les mêmes émotions négatives lorsqu'il se retrouve à être secoué par la peau du cou, à être étranglé par un collier ou quand l'humain s'énerve sur lui. La taille ne devrait pas jouer sur la façon d'éduquer un chien car peu importe cette dernière, l'individu derrière ce gabarit est en capacité de faire des apprentissages pour peu qu'on soit cohérent vis-à-vis de lui.


Anticipez lorsque votre chien est encore un chiot et si ça n'a pas été possible, alors faites-vous aider par un(e) professionnel(le) qui saura vous guider. N'allez pas vers des solutions de facilité qui pourraient être délétères pour la relation que vous entretenez avec votre chien.

N'oubliez pas que c'est vous qui avez pris la responsabilité d'accueillir un chien d'un tel gabarit au sein de votre foyer, vous êtes donc responsable non seulement de son bien-être physique mais également de son bien-être émotionnel, et bien entendu de sa sécurité et de celle d'autrui. Montrez à votre chien que peu importe son gabarit, il sera entendu, respecté et éduqué avec toute la bienveillance qui lui est due.


Cet article n'a pas pour vocation à vous faire culpabiliser, loin de là, mais simplement à vous dire que bien d'autres façons de faire sont possibles sans être dans la contrainte, la menace ou la douleur, et que vous pouvez y arriver. Vous voyez les deux chiennes sur la photo de présentation de cet article ? Elles font respectivement soixante-dix et plus de cinquante kilos à présent. J'en fais un peu plus d'une cinquantaine. Et je n'ai jamais utilisé la contrainte dans leurs apprentissages, elles n'ont jamais eu de collier, simplement des harnais adaptés à leur morphologie, et elles ont une personnalité complètement différente. Cela ne signifie pas que tout le monde saura comment faire, cela signifie simplement que c'est possible.


© Toutougether - Nicoline Droogmans

06 36 10 04 84

toutougether@hotmail.com

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